dimanche 22 mars 2020

Précision suisse avec la DM42

La DM42 de SwissMicros est une réplique moderne de la fameuse HP-42S de 1987. Il faut savoir que cette dernière est considérée par ses aficionados comme la meilleure calculette du monde. Le composant logiciel central dans la DM42 de 2017 posée sur ma table est l'excellent Free42 de Thomas Okken.

SwissMicros DM42

Diffusé sous licence GPLv2, Free42 était déjà mon calculateur préféré sur smartphone ; notamment parce que son clavier virtuel est à la fois complet et bien espacé. En comparaison avec d'autres émulateurs, la lisibilité et l'ergonomie générale, forcément rétros, sont bonnes. Et la programmabilité est bien entendu indispensable sur une calculatrice scientifique. Mais revenons à cette SwissMicros : c'est indéniablement une belle machine à la finition impeccable. Cependant, comme j'ai l'habitude de chipoter, je vais passer en revue rapidement ses quelques défauts.

Avant de pouvoir appuyer sur [ON], ma première déception concerne son étui en simili cuir noir. Il est en effet trop serré et bien difficile à retirer. J'aurais préféré une pochette à soufflet avec un rabat magnétique, dans le style de celle de ma HP-50g par exemple. Si on poursuit le parallèle avec Free42 sur smartphone, il y n'a pas de rétro-éclairage sur la DM42, ni sous l'écran, ni sous le clavier. Son LCD Sharp, bien plus vaste que l'original, est néanmoins super bien contrasté. Un rétro-éclairage avec batterie aurait sans doute complexifié et alourdi la machine. Celle-ci pèse déjà 200g avec sa pochette. Il faut savoir que le dos en métal noir mat, qui donne sa rigidité à la calculette, pèse à lui tout seul 80g sur ma balance. D'autre part, on constate qu'il n’y a pas de batterie rechargeable dans la DM42 actuelle. Elle est alimentée par une simple pile CR2032. Donc, ne faites pas comme moi au début : il est inutile de la laisser branchée sur USB en espérant qu'elle se recharge ! Cela dit, si la pile est en fin de vie, on peut alimenter la calculette via ce port. De façon anecdotique, la fréquence du CPU monte alors à 80 MHz, au lieu de 24 MHz sur la pile interne.

Ma dernière petite critique concerne le clavier de la DM42 : il est certe fiable, meilleur que celui de ma WP-34S (sur base de HP-30b) ; mais je le trouve un peu ferme par rapport aux vraies HP. En contrepartie, il offre une rangée de touches supplémentaires qui n'existait pas sur la HP-42S. Un mode de clavier alphabétique, similaire à celui de la HP-41CV, a également été ajouté. En mode [ALPHA], un indicateur s'affiche en haut, avec la signification suivante :
  • [ ] : mode alphabétique "menu" type HP-42, grâce aux touches situées sous l'écran. Les chiffres et symboles du clavier restent accessibles en direct.
  • [a] : mode alphabétique HP-41 en minuscules 
  • [A] : mode alphabétique HP-41 en majuscules
Pour passer d'un mode à l'autre, par exemple des minuscules vers les majuscules, on utilise la séquence de touche [jaune] [flêche vers le bas] ; ou bien [jaune] [flêche vers haut] pour revenir en minuscules. C'est un peu à l'envers et contre intuitif, mais on s'y fait. Globalement, il faut bien reconnaître que la saisie est hyper laborieuse comparativement à un pocket Basic.

Un gros point fort de la DM42 c'est la précision des calculs, ainsi que sa capacité à manipuler de grands nombres. Par exemple, si on souhaite vérifier l'addition manuelle ci-dessous qui comporte des nombres entiers de 12 chiffres, c'est possible avec la DM42. Mais il n'y a là rien d'exceptionnel pour une calculatrice récente. Je précise que ce n'est pas mon écriture (ni en bleu, ni en gris) :

une addition à vérifier
Par défaut, le résultat est tronqué de deux chiffres significatifs, mais il est possible de les afficher tous temporairement avec [SHOW]. Pour un affichage permanent, la solution que j'ai trouvée utilise le programme FWIW disponible sur le site de Thomas Okken. Dernière astuce, grâce à la séquence de touche [jaune] (maintenue) puis [DISP], il est possible de créer des copies d'écran dans un format BMP en 400x240 pixels en deux couleurs :

un résultat affiché avec 13 chiffres significatifs

Pour capturer un [SHOW] "normal" il vous faudra être rapide. Les copies d'écran sont sauvegardées dans le répertoire /SCREENS qui est accessible en USB "mass storage device", avec le driver standard. La gestion des fichiers, pour les upgrades notamment, est  très bien faite sur la DM42. Ici, aucun logiciel privateur n'est obligatoire pour copier des fichiers, comme c'est malheureusement le cas sur de nombreuses machines récentes.

J'ai utilisé des copies d'écran pour réaliser le montage ci-dessous. Il s'agit du code source de mon test habituel de primalité, tel qu'il est affiché sur la DM42 et légèrement adapté à partir de ma version pour HP-15C :

test de primalité sur DM42
Pour vous éviter de le retaper si vous voulez l'essayer (peu probable ?) je vous met à disposition le programme ici premier.raw (directement copiable sur la DM42). Avec ce code, la DM42 répond 37 (le premier diviseur) lorsqu'on lui donne 2701 en entrée, et 1 (nombre premier) avec 524287, presque instantanément dans les deux cas. Cette SwissMicros est donc bien une calculatrice haut de gamme de puissance "suffisante". Les sensations rétros qu'elle procure sont agréables, même pour quelqu'un qui n'est pas tombé dans le RPN quand il était petit.

4 commentaires:

  1. Bonjour. Tout ce que vous présentez ici , c'est pour le plaisir cérébral en fait ? ;-) En tous cas merci, c'est intéressant.
    Je me replonge dans une HP48GX (sur iPhone, et également sur la vraie, que j'ai heureusement retrouvée, toujours fonctionnelle), l'édition de texte n'est pas très véloce !, et je me remets dans le bain du RPL. Masochisme ;-) ?

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  2. Je vous confirme que je n'ai aucun lien avec les marques que je cite, et que je n'ai aucun revenu en rapport avec ces publications. Cela dit, même si j'ai peu de lecteurs, j'ai l'impression que, globalement, l'émulation, les collections de vieilles machines, le rétrogaming et le rétrocomputing ont de plus en plus d'adeptes. Attention, cela entraîne parfois des comportements addictifs !

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  3. Je n'en doutais pas, c'est un hobby.
    Je retourne sur l'algo "premier" de la hp48, j'ai vu quelques chose...

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  4. A noter, la DM42 peut aussi utiliser une grosse pile opérande, des variables locales, des longues chaines de caractères, des listes.....

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